L’église Saint Pierre
« Nulle part en France, l’art Roman n’a connu plus de séduction » (Émile Mâle).
Construite aux XIe et XIIe siècles, l’église Saint Pierre de Chaniers possède une atmosphère purement et typiquement saintongeaise, mais s’identifie par quelques notes originales, notamment ses fortifications.
A l’extérieur, le chevet mérite que l’on s’y attarde. Aux éléments architecturaux et décoratifs classiques s’ajoute l’aspect massif de l’ensemble, en raison de contreforts dus à la surélévation des murs à hauteur de corniche, ménageant ainsi un chemin de ronde couvert, doté de cinq créneaux et de quelques meurtrières latérales accessibles par la partie gothique du monument.
Le clocher de forme carrée, rénové en 1928, est de style saintongeais.
La façade occidentale est simple et dépouillée, haute et rectangulaire, comportant un portail central à arcs brisés échelonné de quatre voussoirs, inséré dans un mur nu, supporté par deux contreforts monumentaux rajoutés au XVe siècle.
A l’intérieur, le sanctuaire tri-conque comporte une abside et deux absidioles, de forme tréflée. Il est couvert par une voûte en berceau, prolongé par trois voûtes en cul-de-four, le tout éclairé par cinq ouvertures en plein cintre, étroites et fort ébrasées. Il n’y a pas de croisée de transept, mais de suite le carré sous le clocher avec quatre piliers massifs, supportant la coupole sur trompes et la charge du clocher, avec ses cinq cloches. Le carré sous le clocher relie le sanctuaire et la nef avec, au point de jonction, le fameux arc outrepassé dit « mauresque ».
La nef, à vaisseau unique, d’une grande élévation où l’on remarque à la base des murs un soubassement mouluré dit « banc des pauvres ».
Le monument compte peu de sculptures, si ce n’est dans le chœur, avec deux chapiteaux dont l’un à griffons et l’autre à feuilles d’acanthe, ainsi que dans la nef, avec deux chapiteaux ornés d’entrelacs et de masques barbares.
A voir également : la chapelle de style gothique flamboyant accueillant la Pietà, une élégante voûte à liernes et tiercerons à clefs étoilés, le baptistère roman ainsi que le grand Christ en bois peint, les vestiges de peintures médiévales.
L’église de Chaniers est classée aux Monuments Historiques depuis 1912.
Une œuvre exceptionnelle, la Pietà
L’une des chapelles de l’église abrite une magnifique Pietà en plâtre, copie d’une sculpture de Justin-Chrysostome SANSON, sculpteur français de grande renommée au XIXe siècle. La Pietà, réalisée en bronze et en marbre, reste son œuvre la plus primée, médaillée au salon de 1869 et à l’Exposition Universelle de Paris de 1878.
C’est probablement l’œuvre la plus expressive du sculpteur. Le corps du Christ, à la musculature puissante et idéalisée, repose lourdement sur les jambes de la Vierge dont le visage sillonné de larmes exprime une émouvante gravité. Une sincère émotion se dégage de l’œuvre et ses dimensions très imposantes lui confèrent une certaine solennité. La présence de la Pietà dans l’église de Chaniers demeure un mystère.
Une restauration et une remise en valeur urgente
Sévèrement endommagée dans sa partie inférieure, la commune de Chaniers a souhaité sauver de l’usure du temps et de l’oubli la Pietà. Un appel aux dons a été lancé en collaboration avec la Fondation du Patrimoine et par le biais de concerts de soutien. Les sommes récoltées ont permis d’engager la restauration de la Pietà durant le mois d’août 2017. A présent restaurée, la Pietà est mise en valeur par un meilleur emplacement dans l’église et un éclairage adapté.
La Pietà en cours de rénovation :
La Pietà rénovée :
Des peintures murales médiévales
Le plafond des absidioles comporte des vestiges de peintures du XVe siècle représentant la visitation et le baptême du Christ. Leur état très dégradé mériterait également une restauration.
Le bac et le port de plaisance
Entre le village et le port fluvial s’étend une vaste prairie, inondable l’hiver. Plantée de peupliers, c’est un lieu prisé en été pour le farniente ou la promenade.
Chaniers, avec ses quais de pierre et ses appontements à proximité du bourg et de ses commerces, est une halte appréciée des bateaux de croisière.
Au port, le dernier bac en service sur la Charente permet de traverser le fleuve de juin à septembre. Pour ses actions en faveur de la protection et du respect de l’environnement, Chaniers a été récompensé par le Ministère de l’Environnement en 1993 par le label Paysages de reconquête.
Le Moulin de la Baine
En amont de Chaniers, se trouvent le moulin, les écluses et le barrage de la Baine. Le Moulin royal de la Baine, construit sous Colbert, date du XVIIe siècle. Constitué de sept passages d’eau, il était alors le plus puissant de la région. Il alimentait en farine de blé et d’orge la marine royale basée en aval, au port de Rochefort.
Les gabarres – bateaux de charge – assuraient l’approvisionnement en grain et repartaient chargées de farine.
Le Moulin de la Baine à travers l’Histoire…
Un texte de 1310 fait état de moulins à draps à la Baine, fondés sur des pieux battus servant à fouler le tissu.
Appartenant alors aux doyens et Chapitre de la Cathédrale de Saintes, ils ont été démolis quelques années auparavant par le comte de la Marche. En 1313, le chapitre obtient l’autorisation de reconstruire deux moulins, une chaussée et une pêcherie.
Un ensemble de cinq moulins à blé sera rebâti au 17e siecle sur un bras secondaire de la Charente, qui ne servait pas à la navigation. Vers 1630, ils appartiennent aux frères Charles et Jacques Duval qui détiennent alors la propriété utile du site et reversent le cens à la seigneurie de Chaniers propriétaire éminente, dépendant du chapitre de la cathédrale Saint Pierre de Saintes. Lors de la 2eme moitie du 17ème siècle, vraisemblablement aux alentours de 1670, Jean Baptiste COLBERT, alors secrétaire d’Etat de La Marine et et de La Maison du Roi Louis XIV, fait revoir la bâtisse et son édifice pour accroitre la productivité : Constitué de sept passages d’eau, il est alors le plus puissant de la région, seul moulin à eau construit au dessus de La Charente sur le territoire de La Charente-Maritime. Il permettra à cette époque d’alimenter en farine de blé et d’orge la marine royale basée en aval, au port de Rochefort, les gabares (bateaux traditionnels à fond plat destinés au transport de marchandises) apportant les céréales en amont et repartant en aval, chargés de farines.
L’ensemble est mis en vente en novembre 1781. Puis, propriété, comme le manoir voisin, de Louis Demânes, qui émigre au moment de la Révolution, ces moulins sont confisqués, le 6 germinal de l’an 3 [26 mars 1795], puis vendus comme biens nationaux.
En 1812, l’un des moulins appartient au propriétaire du manoir, M. Rogé, les autres à 5 meuniers. En 1842, François Gaudin, Jacques Gravaud, Pierre Dannepont, Pierre Boeuf, jean Gobau – sont les copropriétaires de cet ensemble.
Certains des moulins sont ensuite partagés entre plusieurs propriétaires. Nous sommes à cette époque à l’heure de gloire du mouvement cooperatif où les moyens sont mutualisés.
En 1879, l’un des usiniers, Louis Guillorit, est autorisé à agrandir son moulin du côté aval pour l’installation d’une machine à vapeur destinée à suppléer le moteur hydraulique pendant les crues. Nous rentrons dans l’ère industrielle et l’apparition des premières minoteries . A ce moment, deux autres copropriétaires, MM. Boeuf et Berruchon, possèdent ces moulins dotés au total de 6 coursiers moteurs faisant mouvoir 7 paires de meules consacrées à la mouture des grains.
Les fontaines
Parmi les curiosités, de nombreuses fontaines fleurissent la vallée du Coran et celle du Bourrut. Elles fournissaient autrefois l’eau potable aux riverains et aux villages voisins. Certaines s’agrémentent de lavoirs. Aujourd’hui, seules quelques-unes sont entretenues et ont un cachet original : la fontaine de Coran, la fontaine de La Varaizerie et la fontaine de La Font-Ronde.
L’ancienne maison éclusière
La maison éclusière du moulin de la Baine abrite un musée de la pêche aux engins et filets. Cette pêche, héritière de traditions ancestrales, a pour principe de prendre le poisson au piège par toutes sortes de stratagèmes passifs mis au fil de l’eau.
Le musée expose différentes nasses anguillières, tramailles, carrelets, balances avec leurs diverses évolutions historiques.
Affiliée à la Fédération de la Pêche, l’association locale des pêcheurs aux engins et filets, à l’origine du musée, a un double objectif : promouvoir la pêche loisir et sensibiliser à la protection de la faune aquatique.
Ouvert au public en juillet et août : les mardis, jeudis et samedis, de 13h30 à 17h30.
Entrée gratuite
A proximité
Saintes
Fondée il y a plus de 2000 ans par le peuple gaulois des santons, les romains en firent au 1er siècle la capitale de la province d’Aquitaine et la dotèrent d’importants monuments dont on peut voir les vestiges.
La cité, christianisée très tôt, eut un important rayonnement religieux. Elle fut au Moyen Age une étape sur les chemins de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. En témoignent l’église Saint Eutrope et l’Abbaye aux Dames.
Saintes est aussi ville d’art et de culture avec ses musées et ses festivals (les académies musicales, ..). Renseignements à l’office de tourisme, Place Bassompierre – Tél. : 05.46.74.23.82.
> Accéder au site de l’office de tourisme.
La Chapelle des Pots
Depuis le XIIIe siècle, le village est spécialisé dans la production de poteries. Un musée de la céramique y présente les techniques, du Moyen Age au XIXe siècle, et une collection de poteries issues de fouilles entreprises localement.
Saint Sauvant
Pour son charme et son aspect pittoresque. L’église romane fortifiée domine le bourg et la tour sarrasine.
Saint Césaire
Pour son Centre Interactif de la préhistoire – le Paléosite.